[Pompeius timide [fecit], quod in theatro ne adscriberet consul tertium aut tertio,
extremas litteras non scripsit.
Quod de Pompeio Varro breviter et suboscure dixit, Tiro Tullius, Ciceronis libertus, in
epistola quadam enarratius scripsit ad hunc ferme modum :] "Cum Pompeius [, inquit,] aedem
Victoriae dedicaturus foret, cuius gradus vicem theatri essent, nomenque eius et honores
inscriberentur, quaeri coeptum est utrum consul tertio inscribendum an tertium. Eam rem
Pompeius exquisitissime retulit ad doctissimos civitatis; cumque dissentiretur et pars tertio alii
tertium scribendum contenderent, rogavit, inquit, Ciceronem Pompeius, ut, quod ei rectius
videretur, scribi iuberet. Tum Ciceronem iudicare de viris doctis veritum esse, ne, quorum
opinionem improbasset, ipsos videretur improbasse. Persuasit igitur Pompeio ut neque tertium
neque tertio scriberetur, sed ad secundum usque t fierent litterae ut verbo non perscripto res
quidem demonstraretur, sed dictio tamen ambigua verbi lateret. [Id autem quod et Varro et Tiro
dixerunt, in eodem nunc theatro non est ita scriptum. Nam cum multis annis postea scaena, quae
prociderat, refecta esset, numerus tertii consulatus non uti initio primoribus litteris, sed tribus
tantum lineolis incisis significatus est.]
ad, inv. : vers, à, près de adscribo, is, ere, scripsi, scriptum : inscrire (sur un testament) aedes, is, f. : maison alius, a, ud : autre, un autre ambiguus, a, um : entre deux, variable, douteux, ambigu an, inv. : est-ce que, ou est-ce que ; an... an..., si... ou si annus, i, m. : année aut, conj. : ou, ou bien autem, inv. : or, cependant, quant à - breuiter, adv. : brièvement Cicero, onis, m. : Cicéron ciuitas, atis, f. : cité, état coepio, is, ere, coepi, coeptum : (plutôt avec rad. pf et supin) : commencer consul, is, m. : consul consulatus, us, m. : consulat contendo, is, ere, tendi, tentum : tendre, aller vers cum, inv. : conj., comme ; prép, avec de, prép. + abl. : au sujet de, du haut de, de dedico, as, are : dédier, consacrer demonstro, as, are : montrer dico, is, ere, dixi, dictum : dire, appeler dico, as, are : dédier, consacrer, inaugurer dictio, ionis, f. : l'action de dire, le mode d'expression dissentio, is, ire, sensi, sensum : être d'avis différent, n'être pas d'accord doctus, a, um : savant enarratius, adv. : avec plus de détails eo, is, ire, iui, itum : aller epistola, ae, f. : lettre epistula, ae, f. : lettre et, conj. : et, aussi exquisitus, a, um : choisi, distingué, raffiné, exquis extremus, a, um : dernier facio, is, ere, feci, factum : faire ferme, adv. : à peu près, environ, généralement fio, is, fieri, factus sum : devenir gradus, us, m. : pas, degré hic, haec, hoc : ce, cette, celui-ci, celle-ci honoro, as, are : honorer honos, oris, m. : honneur idem, eadem, idem : le (la) même igitur, inv. : donc improbo, as, are : désapprouver, condamner, rejeter in, prép. : (acc. ou abl.) dans, sur, contre incido, is, ere, cidi, cisum : graver initium, ii, n. : début inquit, vb. inv. : dit-il, dit-elle inscribo, is, ere, scripsi, scriptum : inscrire, graver, intituler ipse, ipsa, ipsum : même (moi-même, toi-même, etc.) is, ea, id : ce, cette ita, inv. : ainsi ; ita... ut, ainsi que iubeo, es, ere, iussi, iussum : ordonner iudico, as, are : juger lateo, es, ere, latui : se chacher libertus, i, m. : affranchi lineola, ae, f. : la petite ligne tracée littera, ae, f. : lettre modus, i, m. : mesure, limite, manière multus, a, um : en grand nombre (surtout au pl. : nombreux) nam, inv. : de fait, voyons, car ne, inv. : pour que... ne... pas, de peur que, que neque, inv : = et non nomen, inis, n. : nom non, neg. : ne...pas numerus, i, m. : le nombre nunc, inv. : maintenant opinio, onis, f : opinion, idée préconçue, préjugé, illusion pars, partis, f. : partie, côté perscribo, is, ere, scripsi, scriptum : écrire en détail, écrire tout entier persuadeo, es, ere, asi, asum : persuader Pompeius, i, m. : Pompée postea, adv. : ensuite primoris, e : le premier, la première procido, is, ere, di, - : s'écrouler, tomber en avant quaero, is, ere, siui, situm : chercher, demander qui, quae, quod, pr. rel : qui, que, quoi, dont, lequel... quidam, quaedam, quoddam/quiddam : un certain, quelqu'un, quelque chose quidem, inv. : certes (ne-) ne pas même quod, conj. : parce que rectius, adv. : mieux, plus correctement refectus, a, um : réconforté refero, fers, ferre, tuli, latum : porter en retour, rapporter res, rei, f. : chose rogo, as, are : demander scaena, ae, f. : scène scribo, is, ere, scripsi, scriptum : écrire secundus, a, um : second, favorable sed, conj. : mais significo, as, are : faire entendre suboscure, adv. : d'une manière un peu obscure sum, es, esse, fui : être tamen, adv. : cependant tantum, inv. : tant de, tellement ; seulement tantus, a, um : si grand ; -... ut : si grand... que tertius, a, um : troisième theatrum, i, n. : théâtre timidus, a, um : craintif Tiro, onis, m. : Tiron tres, ium : trois Tullius, i, m. (M. -) : (Marcus) Tullius (svt. Cicéron) tum, adv. : alors uerbum, i, n. : parole, mot uereor, eris, eri, ueritus sum : craindre uicis, gén, acc. uicem : tour, retour uictoria, ae, f. : victoire uideo, es, ere, uidi, uisum : voir uir, uiri, m. : homme ( par opp. à mulier, femme ), mari. uires, ium, f. : force(s) usque, prép. : usque ad, jusqu'à ut, conj. : pour que, que, comme uter, tra, trum : lequel des deux ? uti, = ut utor, eris, i, usus sum : utiliser Varro, onis, m. : Varron. [Pompée fit preuve d'une prudence excessive quand, pour éviter de choisir entre tertium et tertio, il n'en fit pas écrire les dernières lettres sur la dédicace de son théâtre. Ce que Varron nous rapporte à ce propos de manière elliptique et peu claire, Tiron Tullius, l'affranchi de Cicéron, nous le révèle dans une lettre avec davantage de détails à peu près en ces termes:] "Comme Pompée[, dit-il,] s'apprêtait à dédicacer un temple à la Victoire dont l'escalier était en forme de théâtre, et que son nom et ses titres y figuraient déjà, on se demanda s'il fallait écrire consul tertio ou tertium (pour la troisième fois). Il demanda une étude très approfondie de la question aux meilleurs spécialistes de la ville. Comme il n'y avait pas d'accord entre eux et que les uns penchaient pour tertio, les autres pour tertium, Pompée demanda à Cicéron de lui dire ce qu'il fallait écrire. Alors, poursuit Tiron, Cicéron craignit de jouer les arbitres face à des personnages réputés, de passer pour désavouer les personnes dont il désapprouvait l'opinion. Il persuada Pompée de ne faire écrire ni tertium ni tertio, mais de s'arrêter au second t; ainsi, malgré l'abréviation, le message resterait clair tout en laissant dans l'ombre la forme douteuse du mot. [C'est ce que disent Varron et Tiron, mais aujourd'hui, l'inscription originelle n'est plus visible. Car, bien des années plus tard, le mur de scène qui s'était écroulé fut reconstruit et le troisième consulat de Pompée y fut noté non plus par les premières lettres, mais par le chiffre III.
Rem. : Pour l'exploitation en classe, les passages entre [ ] ont été éliminés. Tum Ciceronem iudicare de viris doctis veritum esse Tum Cicero timuit EVALUATION DÉFINITIVE Nb. de mots : 76 Nb. de phr. : 5 . Le texte suivant implique une bonne connaissance des points de matière suivants : - le cum historique (rapport de simultanéité) - la proposition complétive introduite par ut - l'adjectif verbal - l'interrogation indirecte - la proposition de conséquence. EXPERT CÉLÈBRE POUR QUESTION FUTILE Cum Pompeius theatrum dedicaturus esset nomenque eius et honores inscriberentur,
quaesitum est utrum consul "tertio" inscribendum an "tertium". Eam rem Pompeius
exquisitissime retulit ad doctissimos civitatis; cumque dissentiretur, rogavit Ciceronem
Pompeius quid ei rectius videretur. Tum Cicero timuit ne, quorum opinionem improbavisset,
ipsos videretur improbavisse. Persuasit igitur Pompeio ut neque "tertium" neque "tertio"
scriberetur, sed ad secundum usque "t" fierent litterae ut verbo non perscripto res quidem
demonstraretur, sed dictio tamen ambigua verbi lateret.
Textes complémentaires : En 49, la guerre éclate entre César et Pompée. Cicéron désire la paix avant tout. Cependant, ses sympathies politiques le poussent vers Pompée; par ailleurs, il redoute César. Sa correspondance
4 février 49 Je n'ai plus d'espoir de paix; les nôtres ne prennent aucune mesure pour la guerre. En ce qui me concerne, je reste en Italie avec lui [Pompée] jusqu'à la mort; ce n'est pas là-dessus que j'ai besoin de ton avis; mais s'il s'en va, que faire ? Pour m'inciter à rester, il y a la mauvaise saison, l'imprévoyance et la négligence de nos chefs; pour me pousser à la fuite, l'amitié de Gnaeus [Pompée], la cause des 9 février 49 (Pompée a quitté l'Italie pour la Grèce.) Que faire ? Comment pourrais-je le [Pompée] suivre, sur terre ou sur mer, lui dont je ne sais même pas où il est ? Et si je le suis, par terre, comment le puis-je ? par mer, où aller? Est-ce que je dois me livrer à cet individu [César] ? Admettons que ce soit sans risque (il y en a beaucoup qui me le conseillent), est-ce que ce sera avec honneur ? Nullement. Dois-je te demander conseil comme d'habitude? Le problème est insoluble. 18 février 49 Si maintenant je suis le mouvement, où aller ? Je ne peux pas l' [Pompée] accompagner. [César a coupé les communications.] Il n'y a pas d'autre solution que de s'embarquer sur la mer Tyrrhénienne, avec un itinéraire mal assuré, au coeur du mauvais temps. Avec mon frère ou sans lui ? avec mon fils ou comment ? De part et d'autre, ce ne sera que difficulté, ce ne sera que déchirement; comme l'autre [César] se déchaînera sur nous en notre absence sur nos personnes et sur nos biens ! Considérations pédagogiques 1. Les prérequis La compréhension du texte nécessite la bonne connaissance d'un nombre élevé de matières de syntaxe. L'élève est averti que ses connaissances en la matière doivent être bien assurées. Il peut éventuellement procéder à une auto-évaluation avant d'entamer le travail. Par ailleurs, la liste des prérequis peut servir d'outil en cours de lecture.
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