SÉQUENCE IV : LAUSUS ET MÉZENCE
Mézence retourne au combat et interpelle Enée.
VI. Le désir de mort
Aeneas agnovit enim laetusque precatur :
"Sic pater ille deum* faciat, sic altus Apollo,
incipias* conferre manum* !"
Tantum effatus et infesta subit obvius hasta.
Ille* autem : "Quid me erepto, saevissime, nato
terres ? Haec via sola fuit qua perdere posses.
Nec mortem horremus nec divum* parcimus ulli.
Desine* : nam venio moriturus et haec tibi porto
dona prius."
VIRGILE, Enéide,10, 874-882
*deum = deorum
*incipias : verbe subordonné; la conj. ut est s.-e.
*conferre manum : en venir aux mains
*ille = Mézence
*divum = deorum
*desine : s.-e. me terrere
Aeneas, Enée
aeneus, a, um : d'airain, de bronze
agnosco, is, ere, noui, nitum : percevoir, reconnaitre
altus, a, um : haut, profond, grand (métaph.)
Apollo, inis, m. : Apollon
autem, inv. : or, cependant, quant à -
confero, fers, ferre, tuli, latum : rapprocher, mettre
ensemble ; me - : se réfugier
desino, is, ere, sii, situm : cesser
deus, i, m. : le dieu
diuum, = deorum
diuus, a, um : divin
dono, as, are : alicui aliquod, ou aliquem aliqua re : donner
qqch à qqun
donum, i, n. : le présent, le cadeau
effaris, atur, ari, atus sum : dire, prédire, formuler
ego, mei : je
enim, inv. : car, en effet
eripio, is, ere, ere, ripui, reptum : arracher, enlever
et, conj. : et, aussi
facio, is, ere, feci, factum : faire
hasta, ae, f. : la lance, la pique, le javelot
hic, haec, hoc : ce, cette, celui-ci, celle-ci
horreo, es, ere, horrui, - : être hérissé, grelotter, frissonner,
trembler (d'effroi)
ille, illa, illud : ce, cette
incipio, is, ere, cepi, ceptum : commencer
infestus, a, um : ennemi, hostile (+dat.)
laetus, a, um : joyeux
manus, us, f. : la main, la petite troupe
morior, eris, i, mortuus sum : mourir
mors, mortis, f. : la mort
nam, inv. : de fait, voyons, car
natus, i, m. : sing. (poét.) le fils, plur. : les petits d'un animal
nec, neque = et non , et...ne...pas
obuius, a, um : qui se trouve sur le passage de qqn.
parco, is, ere, peperci, parsum : épargner
pater, tris, m. : le père, le magistrat
perdo, is, ere, didi, ditum : perdre
porto, as, are : porter
possum, potes, posse, potui : pouvoir
precor, aris, atus sum : prier, supplier
prius, inv. : avant, auparavant ; ... quam : avant que
qui, quae, quod : qui ; interr. quel ? lequel ?
quis, quae, quid : qui ? quoi ?, après si, nisi, ne num =
aliquis = quelqu'un
saeuus, a, um : cruel
sic, inv. : ainsi ; sic... ut : ansi... que
solum, i, n. : le sol
solus, a, um : seul
subeo, is, ire, ii, itum : aller sous, se présenter à, entrer
dans
sum, es, esse, fui : être
tantum, inv. : tant de, tellement ; seulement
tantus, a, um : si grand ; -... ut : si grand... que
terreo, es, ere, ui, itum : effrayer
tu, tui : tu, te, toi
uenio, is, ire, ueni, uentum : venir
uia, ae, f. : la route, le chemin, le voyage
ullus, a, um : un seul ; remplace nullus dans une tournure
négative.
Commentaire :
Au moment du combat suprême, Enée invoque Jupiter et Apollon.
Mézence interpelle son adversaire. Sa pensée est quelque peu confuse :
1. Il considère que l'invocation d'Enée a pour but de l'effrayer (quid terres ?). Bien sûr, l'impie qu'il est ne peut que rester insensible à une telle attitude, mais ses paroles impliquent aussi que pour lui, une invocation aux dieux ne peut être qu'un faux-semblant, une manoeuvre dépourvue de conviction profonde.
2. Or, étant donné qu'on lui a ravi son fils (erepto nato), toute tentative de l'effrayer doit nécessairement échouer, puisqu'il est décidé à chercher la mort.
Le v. 880 exprime clairement les sous-entendus des vers précédents.
Enfin, Mézence enjoint à Enée de se taire (desine) et annonce son intention de mourir et d'entraîner Enée avec lui. Il n'est donc plus question de retour victorieux comme précédemment (V. 802 - 804).