Rémus et Romulus nourris par la louve - commentaire

   Le baquet creux soutient les enfants posés sur l'onde haute : ah, que de destin porta cette petite pièce de bois ! Le baquet, poussé par le limon en des forêts épaisses, s'immobilise à mesure que le courant se retire peu à peu. Il y avait là un arbre, et il en reste des traces. On l'appelle maintenant le figuier Rumina, et il était alors le figuier Romula. Une louve qui venait de mettre bas vient, miracle, aux jumaux exposés : qui croirait que la bête ne fit pas de mal aux enfants ? Ne fit pas de mal, c'est peu dire, elle les aide même. Ceux que la louve nourrit, des mains parentes on supporté de les perdre. Elle s'arrête et caresse de sa queue les tendres nourrissons, et modèle de sa langue les deux corps. On les devinerait nés de Mars : ils n'ont pas eu peur, tirent à soi les mammelles et sont nourris des bienfaits d'un lait qui ne leur était pas promis. Elle donna son nom au lieu, et le lieu lui-même aux prêtres de Lupercus ; cette nourrice a une grande récompense pour le don de son lait.

   Ovide, dans les Fastes, s'applique à composer un calendrier où chaque fête sera liée à un mythe. Il essaie de renouveler les légendes romaines par un jour moins austère.
   Principaux intérêts du texte :

  1. L'alternance continuelle du présent et du parfait : pont jeté entre la Rome d'Ovide et celle des origines.
  2. Répétitions de mots et de groupes : peut-être image de la gémelléité ;
  3. Variété des rythmes : courts (arbor erat) ou longs (alveis in limo silvis...) ;
  4. Opposition de la fragilité des enfants et de la grandeur future de Rome ;
  5. Autre opposition entre l'humanité de la louve et la bestialité d'Amulius ;
  6. Réalisme de l'évocation de la louve : ses soins, le sens de ducunt ;
  7. La mission officielle : justifier la toponymie (lupa/Lupercus , Rumina/Romula)