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Martial, livre VII

7.3


Pourquoi je ne t'envoie pas, Pontilianus, mes livres ? Pour que tu ne m'envoies pas, Pontilianus, les tiens.
Remarquer le parallélisme des deux vers : meos/mihi ; mitto/mittas ; Pontiliane/Pontiliane. Martial ne veut pas recevoir et être obligé de lire les mauvais livres de Pontilianus.

7.11


Tu me forces, Pudens, de corriger mes livres de ma propre main avec ma propre plume. Tu m'approuves et m'aimes vraiment trop, à vouloir posséder des sottises autographes !
Les corrections imposées par Pudens transforment les vers de Martial en stupidités. Martial obéit sans doute pour pouvoir vendre son livre, et Pudens ordonne sans doute pour pouvoir se vanter d'avoir donné des conseils à Martial. A-t-il acheté-t-il le livre VII ? Peut-être, sachant que ce Pudens est sans doute le nom caché d'un Romain qui était bien peu délicat (pudens en latin).

7.33

Ta toge est toute sale de boue, mais tu portes des chaussures blanches, Cinna, comme la neige fraîche : Pourquoi, maladroit, passes tu les pieds sur cette toge en drapé long ? Relève, Cinna, cette toge, regarde, tu gâtes ta chaussure.
Les chaussures blanches sont à l'époque le comble de l'élégance. S'adresser à Cinna comme une mère à son enfant renforce le ridicule du personnage, qui doit sans doute prendre de grands airs.

7.59

Notre ami Caecilianus, cher Titus, ne dîne pas sans un sanglier. Caecilius a un beau convive !
Jeu de mots sur sine. Le premier vers du distique est un discours de Caecilius rapporté au style indirect libre. Sans doute Caecilius veut-il montrer qu'il est riche, ou qu'à sa table on a tous les jours du sanglier. Mais Martial feint de comprendre non sine comme s'il s'agissait d'avoir tous les jours à sa table un sanglier, non comme plat, mais comme convive.

7.73


Tu as une maison sur l'Esquilin, sur la colline de Diane une maison tuas, et dans le quartier patricien il y a ton toit ; d'ici du vois le sanctuaire de la veuve Cybèle, de là celui de Vesta, D'ici, tu donnes sur le nouveau Jupiter, de là dur le vieux. Dis-moi où j'irai te voir, dis-moi, dans quel coin je te chercherai. Ceux qui habitent partout, Maximus, n'habitent nulle part.
Là aussi, on entend Maximus se vanter. Martial ne reprend la parole qu'au cinquième vers, et on a presque l'impression qu'il interrompt le flot de parole du riche. Le vocatif Maxime n'apparaît qu'une fois, alors qu'il est doublé dans la plupart des épigrammes. Sans doute Maximus ne le laisse pas parler. Dic répété souligne cette précipitation. La chute consiste à suggérer que Maximus en fait, n'a pas de maison, puisqu'il n'en habite vraiment aucune. Sacrilège pour les vieux Romains pour qui les pénates sont sacrées.

7.77


Tu exiges que je te donnes, Tucca, mes livres. Je ne le ferai pas : tu veux vendre, pas lire.
Tucca fait sans doute des compliments exagérés à Martial, et lui dire qu'il veut absolument lire ses livres. Il doit être peu culitvé, car Martial a deviné son véritable objectif.

7.81


'Trente épigrammes sont mauvais dans tout le livre' S'il y en a autant de bons, Lausus, le livre est bon.
Voir aussi 7.85 : Martial se plaint de la prétention de ceux qui jugent une partie du livre sans connaître tout le livre.

7.83


Pendant que le barbier Eutrapelus fait le tour du visage de Lupercus et lui finit les joues, une nouvelle barbe se présente.
Exagération comique. J. Carcopino a écrit dans La Vie quotidienne à Rome au temps de l'empire un amusant passage où il cite cet épigramme.

7.85


Parce que tu a écrit certains quatrains qui ne manquent pas d'adresse, parce que tu tournes joliment, Sabellus, deux ou trois distiques, je te félicites, mais ne t'admire pas. Il est facile d'écrire joliment des épigrammes, mais écrire un livre, c'est difficile.
Amertume de Martial contre les amateurs qui jugent ceux qui vivent de leur plume. Le chiasme de la dernière phrase renforce la différence de nature entre une littérature de loisir, abondamment décrite par ailleurs, et le métier lui-même, évoqué en deux mots, librum scribere.

7.92


'Si tu as besoin de quoi que ce soit, tu sais que tu n'as même pas à demander' dis-tu deux ou trois fois par jour, Baccara.
Secundus m'appelle d'un air mauvais avec sa voix dure.
Tu entends, et ne sais, Baccara, de quoi j'ai besoin.
Mon loyer m'est réclamé devant toi, clairement et ouvertement :
Tu entends, et ne sais, Baccara, de quoi j'ai besoin.
Je me plains que mes lacernes sont froides et usées :
Tu entends, et ne sais, Baccara, de quoi j'ai besoin.
Ce dont j'ai besoin, c'est qu'un subit destin te rende muet,
Pour que tu ne puisses dire, Baccara, 'Si tu as besoin de quoi que ce soit'.
Très bel épigramme, où la détresse de Pétrone se sent à des siècles de distance. Amertume de celui qui n'a osé protester de peur de perdre une dernière chance, et qui renonce maintenant à l'aide que lui apporterait Baccara. Les vers répétés renforcent cette attente sans cesse renouvelée et chaque fois déçue.

7.98

Tu achètes tout, Castor : ce qui arrivera, c'est que tu vendras tout.
Comportement du prodigue, qui devra vendre ses biens pour payer ses créanciers. Le premier omnia désigne "tout ce qui te fait envie", le second "tout ce que tu possèdes".