index > latin > Martial > livre IX > traduction et commentaire

 

Martial, livre 9

IX
Le thème récurrent de ce neuvième livre est le curieux réseau des rapports entre riches et artistes. On pourra étudier avec soin comment les uns et les autres sont caricaturés.

Toi qui dînes, Cantharus, en ville volontiers,
Tu y cries, médis, menaces.
Un conseil : renonce à tes humeurs sauvages :
Tu ne peux être libre et gourmand à la fois.

X
Tu veux, Paula, te marier avec Priscus : tu ne m'étonnes pas : tu as du goût.
Priscus ne veut pas se marier avec toi : lui aussi a du goût.
Le parallélisme des termes renforce la méchanceté voulue de l'épigramme.

XIV
Cet ami, que ta table, ton dîner t'a permis d'avoir,
Penses-tu que son cœur renferme une fidèle amitié ?
C'est le sanglier, qu'il aime, les mulets et les tétines de truie, et les huïtres, pas toi.
Si je dînais aussi bien, il serait mon ami.
Où l'on voit que le célèbre zeugma entre aimer une nourriture et aimer un ami existait déjà en latin.

XV
Scélérate, Chloé a inscrit sur les tombeaux de ses sept maris :
"J'ai fait". Que peut-on trouver de plus candidement vrai ?
Etudier une ou deux inscriptions funéraires : Datif du défunt, ses titres, puis le nominatif du donateur, et FECIT.
XIX
Tu loues, en trois cents vers, les bains
de Ponticus qui dîne bien, Sabellus.
Tu veux dîner, Sabellus, non pas te laver.
Le comique vient de la disproportion entre la peine et sa récompense. Est-ce le désir ou le besoin qui pousse ainsi Sabellus ?

LIII
Pour ton anniversaire, Quintus, je voulais t'offrir
De petits cadeaux ; mais toi, tu me l'interdis : tu es un homme autoritaire.
Il me faut obéir à tes incitations. Faisons ce que chacun veut,
et ce qui arrange chacun : c'est toi, Quintus, qui me feras des cadeaux.
Comme plus tard Villon, Martial sait demander avec esprit.

LXII
Si Philaenis porte jour et nuit
des vêtements teints de pourpre,
Ce n'est pas parce qu'elle est ambitieuse, ou orgueilleuse :
Elle en aime l'odeur, pas la couleur.
Philaenis apparaît plusieurs fois dans les Epigrammes, et toujours pour parler de ses goûts étranges et pervers. Snobisme, comme dans la chanson de Boris Vian.

LXXXVIII
Quand tu cherchais à m'attirer [chez toi], tu m'envoyais des cadeaux :
Maintenant que tu m'as attiré, tu (ne) me donnes, Rufus, rien.
Pour me garder attiré, envoie des cadeaux à l'attiré,
Afin que de sa cage ne s'enfuie le sanglier mal nourri.
Relever les diverses forme de capto/capio.
LXXXIX
Tu obliges ton convive à composer des vers
Sous une loi trop dure, Stella : "Ecris, même s'ils sont mauvais".
Stella veut rentabiliser ses invitations : le poète doit écrire à table. Martial lui répond qu'on n'y fait rien de bon. "— Ca ne fait rien s'ils sont mauvais, écris !" Quel supplice, pour un bon poète, que d'écrire de mauvais vers !

XCV
Athénagoras s'appelait Alfius, il commence maintenant à être Olfius ["celui qui sent"], Depuis qu'il s'est marié.
On peut chercher une traduction plus éloignée, mais plus dans l'esprit, en changeant le nom du personnage, et en gardant la paronymie Alfius/Olfius.