Cicéron aurait aimé le traitement de texte

La chose sera faite avec un calame, de l'encre tiédie, et même avec du papyrus lissé. Tu m'as en effet écrit que tu avais à peine pu lire ma dernière lettre. Et pourtant, mon cher frère, il n'y avait ce jour-là rien de ce que tu pense, et je n'étais ni préoccupé, ni inquiet, ni en colère contre personne. Mais je fais toujours ainsi : quel que soit le calame qui me vient entre les mains, je l'utilise comme s'il était bon.
Curieux document sur le quotidien de ceux qui écrivent. Nos instruments d'écriture sont si courants et faciles d'utilisation qu'il faut faire un effort pour comprendre les difficultés de Cicéron. Voici quelques précisions techniques :
  1. la charta est le papier préparé en pressant l'une contre l'autre deux couches croisées de papyrus du Nil. La préparation en est délicate, et donne lieu à un commerce important. Les qualités en sont très variables. On n'écrit d'ordinaire que d'un côté, celui oû les fibres sont horizontales. Le mot papyrus a donné le français papier, alors que les Italiens se servent de charta, qui a donné carta.
  2. On peut lisser ce papier avec une défense de sanglier. On dit alors charta dentata.
  3. L'encre était préparée avec du noir de fumée et de la gomme. Je sais qu'au Moyen-Age on faisait volontiers tiédir l'encre, mais je n'ai pas trouvé de référence qui me permît de dire si temperata ne veut pas simplement dire «préparée».
On voit donc que Cicéron n'est pas du tout intéressé par ce cérémonial. Il a pourtant à sa disposition des esclaves dont c'est le rôle, et on lit chez de nombreux auteurs des phrases comme calamum et chartas poposcit.