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Sénèque et les escalves

       Il n'est pas question ici de se lancer dans une étude philosophique de la pensée de Sénèque, dont on redécouvre actuellement la valeur. Mais on peut, en abordant ce texte, parler de la vie de cet auteur, qui, sans doute frappera les élèves.

  1. Stylistique : aspect majeur du texte.
  2. Sémantique : emploi de et conjonctif et de et adverbial (deux occurrences) ; différence entre tempto et experior. préciser le sens de ars et de artifex
  3. Replacer cette lettre dans son contexte historique. Les idées qu'elle exprime paraissent aujourd'hui élémentaires. Un rappel de ce qu'était l'esclavage antique montrera ce qu'elle a de révolutionnaire. Mais on peut aussi parler des esclaves impériaux, qui à l'époque de Sénèque détenaient une grande partie du pouvoir. Cf. Suétone, Cl, 28, 1
  4. La correspondance entre Sénèque et Lucilius déborde le cadre d'une amitié personnelle. Si on la compare à celle de Pline, par exemple, on trouvera facilement qu'elle a d'autres objectifs. On peut donc la considérer comme un essai pour faire aborder plus facilement la philosophie stoïcienne.
  5. Sénèque fut pris, au Moyen-Age, pour l'un des premiers chrétiens. Chercher dans le texte ce qui peut expliquer cette erreur.
 

Traduction, intentionnellement littérale :

       Il n'y a pas de raison, cher Lucilius, pour que tu cherches un ami seulement au Forum ou dans la Curie : si tu fais bien attention, tu le trouveras aussi chez toi. Souvent, un bon matériau ne donne rien sans artisan : risque-toi, essaie ! Sot est celui qui pour acheter un cheval ne l'examine pas lui-même, mais sa selle et son frein, de même très sot est celui qui estime la valeur d'un homme à son vêtement ou à sa condition, qui nous entoure à la manière d'un vêtement. « C'est un esclave. » Mais il se peut bien qu'il ait l'esprit libre. « C'est un esclave. » Cela lui causera du tort ? Montre-moi qui ne l'est pas : l'un est esclave de son envie, un autre de son avarice, un autre de son ambition, tous de la peur. Je te citerai un ancien consul esclave d'une petite vieille, je te citerai une petite servante asservissant un riche, je te montrerai des jeunes gens des plus grandes familles à la merci de pantomimes : nulle servitude n'est plus honteuse que la volontaire. Aussi, il n'y a pas de raison pour que ces orgueilleux t'empêchent de te montrer aimable envers tes esclaves, et supérieur, mais sans superbe : qu'ils respectent plutôt qu'ils craignent. On dira maintenant que j'appelle les esclaves à l'affranchissement, et que je jette les maître du haut de leur dignité, parce que j'ai dit « qu'ils respectent plutôt qu'ils craignent ». « Qu'ils respectent, me dira-t-on, exactement comme s'ils étaient des clients, des salutateurs ? » Celui qui parle ainsi oublie que ce qui est assez pour un dieu n'est pas trop peu pour les maîtres. Qui est respecté est aussi aimé : l'amour ne peut être mêlé de crainte. Je pense donc que tu as parfaitement raison de ne pas vouloir être craint de tes esclaves, et de les châtier par des paroles.