Aeque memorandum et de panthera tradit Demetrius physicus :
Démétrius le physicien rapporte au sujet d'une panthère un trait non moins digne d'être cité :
iacentem in media via hominis desiderio repente apparuisse patri cuiusdam Philini, adsectatoris sapientiae ;
couchée au milieu du chemin, attendant un homme, elle était soudain apparue au père d'un certain Philinus, philosophe.
illum pavore coepisse regredi, feram vero circumvolutari non dubie blandientem seseque conflictantem maerore qui etiam in panthera intellegi posset.
Lui, de peur, avait commencé de reculer, mais la bête s'était mise à se rouler [à terre] : à l'évidence, elle le caressait et était bouleversée d'un chagrin qui, même chez une panthère, était reconnaissable.
feta erat, catulis procul in foveam delapsis.
Elle avait eu des petits, qui étaient tombés dans une trappe, à quelque distance.
primum ergo miserationis fuit non expavescere, proximum et curam intendere, secutusque qua trahebat vestem unguium levi iniectu, ut causam doloris intellexit simulque salutis suae mercedem, exemit catulos, ea cum his prosequente usque extra solitudines deductus laeta atque gestiente, ut facile appareret gratiam referre et nihil in vicem inputare, quod etiam in homine rarum est.
Sa première réaction fut de pitié, et donc de ne plus avoir peur ; la suivante fut de s'inquiéter. Il la suivit par où elle le tirait en enfonçant légèrement ses griffes dans son vêtement ; lorsqu'il comprit la cause de sa douleur, et en même temps qu'elle lui laisserait la vie sauve à cette condition, il remonta les chatons, et il fut conduit jusqu'aux limites de ces terres inhabitées par la bête qui le suivait en leur compagnie, bondissant de joie, pour qu'apparût facilement sa reconnaissance, et qu'elle ne demandait rien en retour, ce qui est rare même chez l'homme.
Pistes d'étude :
- Histoire étonnante : de tout temps les animaux sont source de mystère, proches de l'homme, surtout les mammifères, mais aussi trop différents de lui. Un auteur comme Maupassant a tiré un grand parti de cette situation.
- Les animaux sauvages dans l'antiquité : Il y a une nette tendance à vouloir les rapprocher de l'homme. On peut citer les histoires d'Arion, d'Androclus, de l'enfant et du dauphin (Pline et Aulu-Gelle), de Thoas... Dans beaucoup d'entre elles, la bête se met au service de l'homme, comme si elle le reconnaissait comme supérieur.
- Prolongements possibles : les bêtes imaginaires douées de pouvoirs terrifiants : le basilic, le caméléon...
- Les fauves dans les jeux, et leurs rôles différents. Essayer de comprendre comment on en est arrivé d'une part aux dompteurs de nos cirques (déjà interdits sur le territoire suisse), et d'autre part aux jardins zoologiques.
- Importance de la compilation : on peut remonter à rebours l'itinéraire de cette anecdote : Pline, Démétrius le Naturaliste, Philinus, le père de Philinus. Pline a tout de même une démarche de scientifique : il cite toutes ses sources, en remontant à l'origine. Il ne manque que la référence exacte dans l'œuvre de Démétrius. On peut bien sûr engager les élèves à l'imiter.
- Langue : le passage est riche en possibilités d'étude : emploi libre de la prop. infinitive ; abondance des déponents, les deux valeurs de ut (+ind. et +subj) ;