César est-il sérieux ? Voici l'alces, animal légendaire

     Une grande partie du livre VI de la Guerre des Gaules fait plutôt penser à un récit de voyage avec ses descriptions, qu'à un récit de campagne militaire : mœurs des Gaulois, paysages, et faune.

     Le texte lui-même n'est pas très difficile, à part quelques détails facilement compréhensibles par des élèves de 4ème ou de 3ème : l'ablatif de qualité, esse en tête de phrase dans le sens de "il y a" ; causa + génitif ; ali- omis après si, nisi, ne, num ; le relatif de liaison, etc. Une traduction assistée est donc possible.

     Mais le plus intéressant est la recherche qui suit la compréhension du texte : il s'agit de résoudre le difficile problème : César veut-il faire un canular, ou est-il abusé par le récit d'informateurs qui déforment déjà des témoignages ? On pourra donc organiser une recherche minutieuse en s'appuyant d'une part sur le contexte ( lire par exemple les pages précédentes et suivantes ), et d'autre part sur une documentation illustrée.

     Toujours est-il que le nom scientifique de l'élan-orignal est de nos jours alces alces, et que l'un de ses nombreux noms anglais est elk.

     On peut enfin enchaîner sur une petite revue des légendes zoologiques véhiculées par les anciens : le basilic, la salamandre, le castor qui se mutile, le scorpion qui se suicide, le pélican qui se sacrifie, etc.

TRADUCTIONS
     Il y en a aussi, qui sont appelés alces [élans]. Leur physionomie et la variété de leur robe sont tout-à-fait semblables à celles des chèvres, mais elles les dépassent un peu en taille, ont des cornes tronquées et des pattes sans jointures ni articles. Elles ne se couchent pas pour dormir, et si, touchées par quelque accident, elles tombent, elles ne peuvent se redresser ni se relever. Elles utilisent les arbres commes couche ; elles s'appuient contre, et ainsi légèrement inclinées seulement, elles prennent leur repos. Quand, d'après leurs traces, l'endroit où elles ont l'habitude de se retirer a été repéré par les chasseurs, ils y minent tous les arbres par les racines, ou les coupent de manière que leur partie supérieure garde l'aspect d'arbres debout. Lorsqu'elles s'y appuient comme à leur habitude, elles font tomber sous leur poids les arbres affaiblis, et tombent en même temps.
César, De Bello Gallico, 6.27

     Il est fort intéressant de lire aussi la traduction de Perrot d'Ablancourt (1606-1664), qui fut un des plus célèbres traducteurs de son époque. La graphie est celle de l'auteur.
     Il y a aussi une espece d'asnes sauvages qui ressemblent aux chevres, & ont la peau marquetée, mais ils sont un peu plus grands, & sans cornes, & n'ont aucuns jointures aux jambes ; de sorte qu'ils ne se couchent point pour se reposer, & s'ils tombent, ne se relevent plus. Quand on a reconnu leur giste à la piste, on sie les arbres voisins, ou on les déchausses, si bien que venant à s'appuyer contre pour se reposer ils tombent à la renverse, & sont pris facilement.